
Parfum de poussière (De Niro’s Game en version anglaise originale) est un roman de Rawi Hage relatant un épisode crucial de la guerre civile libanaise, vu à travers la perspective du jeune personnage narrateur, Bassam, qui s’implique de force avec son ami Georges, surnommé « el fransaoui », dans des situations dangereuses qui les mènent tous les deux à sortir des sentiers battus pour gagner leur vie d’adolescents orphelins, vivants dans un pays pris dans une longue guerre absurde. Unis depuis l’enfance par une solide amitié de voisinage, les deux garçons se vouent à un destin clandestin causé par la vie chaotique et violente, sous les bombardements sporadiques pleuvant sur les rues désertées des deux Beyrouths, celle de l’Est et celle de l’Ouest. Témoins des atrocités de la violence au quotidien, les deux gosses ne résistent à aucune tentation. Vols, tueries, indécences, drogues, mensonges et blasphèmes rythment leur vie ainsi que la narration en lui donnant l’allure des films d’action américains. Pourtant, ce que raconte le « Rawi » (conteur en arabe) sur du papier n’est qu’une vérité pure et dure que reconnaîtront ceux et celles qui ont survécu à la guerre du Liban. La description exacte des lieux et la narration précise des événements qui ont secoué la région éveillent dans l’esprit des lecteurs libanais des souvenirs vivides d’un vécu morbide qui les a marqué, au même titre que l’auteur. Certains s’identifient à Georges qui a refusé de quitter le pays et d’autres s’assimilent à Bassam qui a tout tenté pour fuir la guerre et trouver refuge ailleurs.
Arrivé à
Paris, le narrateur Bassam se métamorphose en Meursault, le personnage absurde
dans L’Étranger de Camus. Il devient comme lui, étrange, silencieux,
indifférent, détaché, se rappelant la mort de sa mère sans verser une larme,
passant ses journées désœuvrées en attendant l’inconnu, épiant les passants de
son balcon parsemé de rayons de soleil. Mais, à l’encontre de Meursault, Bassam
ne se laisse pas faire, il réagit, il se défend et se déculpabilise en purgeant
sa mémoire pour se libérer du traumatisme causé par la guerre. Enfin de compte,
invincible, Bassam continue son chemin vers sa destinée de rêve, il se dirige vers…
Rome.