Le périple de Baldassare raconte l’histoire du personnage éponyme, Baldassare Embriaco, marchand génois qui fait un long voyage périlleux a la recherche d’un soi-disant livre qui indique le centième nom de Dieu. Bien que le récit soit fictif, l’auteur y intègre des faits historiques significatifs qui ont eu lieu au 17e siècle. D’un côté, il raconte la situation de la région gérée par l’Empire ottoman, de l’autre, il évoque des évènements et des tensions affectant les pays occidentaux pendant cette période.
Certes, la lecture est lourde et lente, allant au rythme du voyage en mer qui durait des mois, défiant tempêtes et pirates, pour aboutir sur un rivage peu connu, fertile d’aventures palpitantes et de personnages intrigants. La période visée est dépeinte comme une mosaïque culturelle et religieuse distinguant la région, où Italiens, Grecs et Portugais côtoyaient Syriens, Libanais et Carthaginois. Où Chrétiens et Musulmans négociaient leurs croyances ainsi que leurs marchandises.
Au fil de son parcours qui dure une année complète, le narrateur, Baldassare, inscrit ses mémoires marquants son périple dans des cahiers de voyage qu’il égare en route. Le lecteur se demande alors, comment l’auteur a pu rapporter ces mémoires perdues pour écrire son livre?
Au cours de son voyage, Baldassare passe d’une ville à l’autre en suivant les traces du livre convoité. Mais aussi, il suit ses sentiments qui le guident vers la femme aimée, que ce soit Marta qui lui préfère son brigand de mari, ou Bess qui le console comme une mère bienveillante, pour épouser enfin de compte, Giacominetta, la jeune fille du marchand génois. Ainsi, Baldassare, dont les ancêtres se sont installés en Orient depuis des siècles, retourne au berceau familial initial, celui de l’Italie; son identité est restaurée, mais à quel prix?
A la fin de l’histoire, Baldassare qui réussit à posséder le livre fatidique semble se désintéresser de son contenu et ne veut plus rien savoir du nom de Dieu caché entre les lignes tracées par un ancien auteur persan nommé Mazandarani. Ainsi, une fois qu’il retrouve ses origines occidentales et qu’il accepte l’offre généreuse de Gregorio d’une vie stable et riche en Italie, le marchand génois laisse tomber tout ce qui le liait à l’Orient où il est né et il a vécu toutes sortes d’aventures tumultueuses.
En lisant ce roman, on ne peut que faire le parallèle entre le monde de 1665 (désignée dans le livre comme « l’année de la Bête ») et celui du 20e siècle qui annonçait la fin du monde en l’an 2000. En outre, le personnage principal, Baldassare, semble incarner le citoyen du monde actuel qui est à la recherche continuelle de son appartenance identitaire.