Saturday, April 20, 2019

Hommage aux femmes libanaises migrantes


 

Résultats de recherche d'images pour « Le bonheur a la queue glissante: roman »Le bonheur a la queue glissante de Abla Farhoud met en scène le personnage attachant de Dounia, une femme septuagénaire qui relate, à travers une voix intérieure, son parcours migrant d’un petit village du Mont Liban, jusqu’à Montréal, la métropole des français canadiens, pour rejoindre son mari expatrié avant elle. Son aventure dans le nouveau monde s’avère pénible surtout pour une femme analphabète qui arrive au Québec dans les années cinquante.  

Dounia se définit comme étant muette parce qu’elle ne s’exprime pas dans la langue du pays d’accueil, elle se croit effacée à cause de l’imposante présence de son mari Salim, elle se décrit dépendante parce qu’elle ne peut rien faire seule et se trouve enfermée à cause de ses responsabilités de mère de sixenfants. Pourtant, « sitto Dounia » comme l’appelle ses petits enfants est tout un univers (selon la traduction du nom). En réalité, malgré l’image peu flatteuse qu’elle projette d’elle-même, Dounia fait preuve de beaucoup de sagesse, de détermination et d’altruisme. Elle a su maintenir sa famille pendant les temps difficiles, elle a pris la charge lorsque son mari était absent, elle était à l’écoute quand quelqu’un voulait se confier, elle a accepté sans jugement ses enfants avec leurs défauts et leurs qualités, elle a gardé leurs enfants quand ils avaient besoin d’elle, elle les a nourri avec ses mets exceptionnels confectionnés quotidiennement avec soin et par amour.

Dounia est le symbole de la Vie, de la Mère qui donne sans retour, dont l’énergie se renouvelle avec chaque émotion ressentie, au contact de ses enfants et petits enfants. Même si elle ne parle pas français, Dounia communique avec son cœur et la langue du silence qu’elle adopte est plus forte que mille mots rangés dans une phrase mielleuse bien construite.

Le roman de Farhoud est un hommage à toutes les grand-mères qui se croient incomprises et sous estimées. Il serait souhaitable de le traduire dans la langue d’origine de l’auteure pour atteindre un plus grand public, celui des femmes libanaises migrantes, qui, comme Dounia n’ont pas eu le temps d’apprendre une autre langue que celle de leurs ancêtres.  

Si le bonheur est éphémère, comme le dit Dounia, il serait heureux de le déguster avec appréciation quand il se présente.

J’offre ce livre à ma belle-mére, qui connaît le langage de Dounia, celui du cœur!