
Dounia se définit
comme étant muette parce qu’elle ne s’exprime pas dans la langue du pays d’accueil,
elle se croit effacée à cause de l’imposante présence de son mari Salim, elle
se décrit dépendante parce qu’elle ne peut rien faire seule et se trouve
enfermée à cause de ses responsabilités de mère de sixenfants. Pourtant, « sitto
Dounia » comme l’appelle ses petits enfants est tout un univers (selon la
traduction du nom). En réalité, malgré l’image peu flatteuse qu’elle projette d’elle-même,
Dounia fait preuve de beaucoup de sagesse, de détermination et d’altruisme.
Elle a su maintenir sa famille pendant les temps difficiles, elle a pris la
charge lorsque son mari était absent, elle était à l’écoute quand quelqu’un voulait
se confier, elle a accepté sans jugement ses enfants avec leurs défauts et
leurs qualités, elle a gardé leurs enfants quand ils avaient besoin d’elle,
elle les a nourri avec ses mets exceptionnels confectionnés quotidiennement
avec soin et par amour.
Dounia est
le symbole de la Vie, de la Mère qui donne sans retour, dont l’énergie se
renouvelle avec chaque émotion ressentie, au contact de ses enfants et petits
enfants. Même si elle ne parle pas français, Dounia communique avec son cœur et
la langue du silence qu’elle adopte est plus forte que mille mots rangés dans
une phrase mielleuse bien construite.
Le roman de
Farhoud est un hommage à toutes les grand-mères qui se croient incomprises et sous
estimées. Il serait souhaitable de le traduire dans la langue d’origine de l’auteure
pour atteindre un plus grand public, celui des femmes libanaises migrantes, qui,
comme Dounia n’ont pas eu le temps d’apprendre une autre langue que celle de
leurs ancêtres.
Si le
bonheur est éphémère, comme le dit Dounia, il serait heureux de le déguster avec
appréciation quand il se présente.
J’offre ce
livre à ma belle-mére, qui connaît le langage de Dounia, celui du cœur!
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