Quand on parle de l’Orient
et de l’orientalisme, on remarque que le discours se fait d’une seule
part ; c’est un monologue sans partage où l’interlocuteur ne s’adresse pas
à l’Oriental, sujet de son discours, mais à l’Occidental à qui il raconte ses
aventures et ses découvertes. Pourtant, l’Orient est une région immense qui existe
depuis des milliers d’années, son histoire s’étend sur plusieurs siécles; les peuples qui l’occupent vivent selon des valeurs et des habitudes faisant
partie d’anciennes cultures très différentes l'une de l'autre.
Dans ce même espace, les
gens reconnaissent aussi bien leurs similitudes que leurs différences, de la
même façon qu’un Canadien admet qu’il est différent d’un Américain, ou un
Français d’un Anglais ou un Chinois d’un Japonais. Vus de l’extérieur, ces peuples
voisins qui, ironiquement, se côtoient
et se haïssent en même temps, semblent tous pareils ; il est difficile de
reconnaître leurs différences qui sont, curieusement, les marques de leur
fierté et de leur supériorité envers leurs semblables.
Toute la littérature sur
l’Orient et l’orientalisme, n’est qu’une question de point de vue relatif à
chaque individu, selon son sexe, son âge, sa propre expérience, sa culture, ses
connaissances, sa progression, son intérêt, son état moral, mental et
physique ; cette même opinion personnelle peut varier avec le temps, d’un
jour à l’autre, d’une période à l’autre. Que l’on parle de soi ou de l’autre,
on n’est jamais objectif.
L’Orient a certainement changé
au contact de l’Occident, il en a été influencé. En retour, l’Occident, qui s’est influencé par
les peuples qu’il a côtoyés, s’est aussi transformé. Le changement est une
action naturelle et progressive ; il atteint aussi bien les peuples
développés que les peuples sous-développés. Il peut se
diriger vers le pire ou vers le mieux. Tout
changement s’opère à travers le temps, et chaque peuple progresse à sa façon et
selon son rythme.
Relativement au siècle
présent et par rapport à l’Occident, le rythme de l’Orient est un rythme
indolent ; il suit la cadence des
poésies médiévales, composées par des poètes alanguis par la chaleur et l’attente des
caravanes traversant lentement les déserts arides et les côtes brûlantes. C’est
bien le temps qui sépare l’Occident modernisé de l’Orient conservateur ;
mais c’est aussi la nature sentimentale de l’Oriental qui l’oppose au caractère
rationnel de l’Occidental. L’excès de sentiments du premier l’attache aux
habitudes, aux traditions ancrées dans le passé ; en contradiction avec le
second, qui, tout en reconnaissant la
valeur de ses traditions, est capable de
s’en détacher pour s’avancer audacieusement vers les temps futurs.
Il y aura toujours des points de différence qui
continuent irrémédiablement à marquer la dissemblance de ces deux mondes: l’opposition
du tempérament de leurs peuples, la variation des espaces naturels qu’ils
occupent et l’écart temporel du rythme de leurs progressions.
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