Thursday, December 1, 2011

Au rythme de l’Orient

Quand on parle de l’Orient et de l’orientalisme, on remarque que le discours se fait d’une seule part ; c’est un monologue sans partage où l’interlocuteur ne s’adresse pas à l’Oriental, sujet de son discours, mais à l’Occidental à qui il raconte ses aventures et ses découvertes. Pourtant, l’Orient est une région immense qui existe depuis des milliers d’années, son histoire s’étend sur plusieurs siécles; les peuples qui l’occupent vivent selon des valeurs et des habitudes faisant partie d’anciennes cultures très différentes l'une de l'autre.

Dans ce même espace, les gens reconnaissent aussi bien leurs similitudes que leurs différences, de la même façon qu’un Canadien admet qu’il est différent d’un Américain, ou un Français d’un Anglais ou un Chinois d’un Japonais. Vus de l’extérieur, ces peuples voisins qui, ironiquement,  se côtoient et se haïssent en même temps, semblent tous pareils ; il est difficile de reconnaître leurs différences qui sont, curieusement, les marques de leur fierté et de leur supériorité envers leurs semblables.

Toute la littérature sur l’Orient et l’orientalisme, n’est qu’une question de point de vue relatif à chaque individu, selon son sexe, son âge, sa propre expérience, sa culture, ses connaissances, sa progression, son intérêt, son état moral, mental et physique ; cette même opinion personnelle peut varier avec le temps, d’un jour à l’autre, d’une période à l’autre. Que l’on parle de soi ou de l’autre, on n’est jamais objectif.

L’Orient a certainement changé au contact de l’Occident, il en a été influencé. En  retour, l’Occident, qui s’est influencé par les peuples qu’il a côtoyés, s’est aussi transformé. Le changement est une action naturelle et progressive ; il atteint aussi bien les peuples développés que les peuples sous-développés. Il  peut  se diriger  vers le pire ou vers le mieux. Tout changement s’opère à travers le temps, et chaque peuple progresse à sa façon et selon son rythme.

Relativement au siècle présent et par rapport à l’Occident, le rythme de l’Orient est un rythme indolent ;  il suit la cadence des poésies médiévales, composées par des poètes alanguis par la chaleur et l’attente des caravanes traversant lentement les déserts arides et les côtes brûlantes. C’est bien le temps qui sépare l’Occident modernisé de l’Orient conservateur ; mais c’est aussi la nature sentimentale de l’Oriental qui l’oppose au caractère rationnel de l’Occidental. L’excès de sentiments du premier l’attache aux habitudes, aux traditions ancrées dans le passé ; en contradiction avec le second, qui, tout en reconnaissant  la valeur de ses  traditions, est capable de s’en détacher pour s’avancer audacieusement vers les temps futurs.

Il  y aura toujours des points de différence qui continuent irrémédiablement à marquer la dissemblance de ces deux mondes: l’opposition du tempérament de leurs peuples, la variation des espaces naturels qu’ils occupent et l’écart temporel du rythme de leurs progressions.  

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