Tuesday, March 24, 2015

Sous le soleil de Toscane




Que de bonheur et de chaleur ressent-on en lisant ce livre qui entraîne le lecteur à apprivoiser la rêverie des moments de farniente pendant les longues journées de vacances d’été. C’est vraiment un plaisir d’être emporté en Toscane avec Frances Mayes, qui a bel et bien vécu ces moments heureux qu’elle transpose avec une vive mémoire dans son roman délicieux.

Le soleil brille entre ces pages à la couverture bleu ciel. Les mots dansent dans la pénombre des branches des oliviers alignés autour d’une villa rose, dont les dalles sont garnies de pots de fleurs parfumées. En suivant le projet de rénovation entrepris par l’auteure et son compagnon, on a envie d’y participer et d’aller sur place pour leur donner un coup de main, meubler les salles et revêtir les murs de tableaux étrusques.
La cuisine toscane est au rendez-vous sur la grande table antique du couple aventureux. Des salades et des tomates rouges fraîchement cueillies de leur potager, des huiles aromatiques provenant des olives pressées dans le pressoir du village voisin, des fromages préparés sur place, et en plus, toutes sortes de pâtes italiennes cuites al dente, saupoudrées d’herbes et sautées délicatement dans des poêles beurrées. D’ailleurs, les saveurs des vins italiens ne manquent pas de nous mettre l’eau à la bouche en abordant  chacun des chapitres.  Les randonnées pédestres dans les montagnes et les promenades en voiture introduisent le lecteur à un tourisme gratuit de la région du sud de l’Italie. C’est l’occasion de suivre un cours d’histoire et d’archéologie relatif à la Toscane, les moments forts de son histoire, les monuments qui la distinguent et sa culture forgée par tant d’autres peuples qui y sont installés.

La richesse de ce livre éblouie les sens du lecteur tout en l’invitant à apprécier la nature et le voyage intérieur au rythme d’une vie simple et heureuse loin de la, soi-disant, modernité de la technologie encombrante.

Conseil au lecteurs : Lire à gogo, par une journée ensoleillée, assis à l’extérieur dans une chaise longue et je parie que vous allez vous sentir « sous le soleil de Toscane » ! 

Pour le livre en anglais,
voir le site officielle de l'auteure:
http://www.francesmayesbooks.com/ 



Thursday, March 19, 2015

Mort en lisière

la metamorphose des femmes


Dix femmes, dix récits dans ce recueil de Margaret Atwood. Chacun relate une histoire distincte, d’une femme particulière, à un âge plus ou moins différent. Le point de rencontre de toutes ces histoires c’est le retour en arrière et la remémoration des points marquants de la vie de ces femmes. Tous les récits d’« elles » du recueil d’Atwood, commencent  à un certain moment de la vie où les « ils » sont présents. Les femmes se remémorent le passé en reconstruisant leur présent tout en se projetant dans les lumières d’un avenir inconnu. La narratrice « aux yeux de chats », représentant l’auteure-même, observe avec langueur ses personnages, elle façonne leurs histoires de sorte à faire triompher les femmes, à les libérer des hommes et du passé, en les rendant indépendantes par pur choix.  Le remède à tous les problèmes : trahison, douleur, maladie, mort, amour non-partagé, est de s’engouffrer dans le train-train de la vie quotidienne, de s’accoutumer à la routine du travail et d’accepter les coups de la vie avec sérénité.  


Ce recueil dégage un sentiment de mélancolie douce et enveloppante accompagnant la femme lors de son affranchissement paisible vers l’âge de la maturité. 

Marie –Tempête

Les malheurs d’une adolescente

Dominique Demers a bien saisi ce qu’un être humain peut endurer, et elle l’a raconté avec beaucoup d’exactitude en plongeant dans la peau d’une adolescente québécoise qu’elle a baptisée Marie-Lune. Son personnage revêt une personnalité vive, franche et forte. Insouciante, au début du récit, comme le sont les adolescents, Marie-Tempête respire la vie à plein poumons, elle a des parents modestes, aimables et compréhensifs ; une grand-mère dévouée et attentionnée, toujours prête pour la secourir. Son amie d’enfance est toujours là pour la consoler ; son beau chum l’adore et la fait rêver avec ses yeux verts forêt.  Soudain, par un matin d’hiver,  la tempête frappe et la vie de Marie bascule. Elle se trouve seule, sans maman, avec un fœtus qui croît rapidement dans ses entrailles, un jeune amoureux incapable de lui offrir que des mots doux et des caresses interminables. Ainsi, Marie-Lune se transforme en Marie-Tempête et doit affronter la vie avec tous ses tonnerres, ses vents et ses pluies avant de se calmer dans les lacs noirs des yeux marécageux de Jean « où l’on peut plonger sans crainte ».

Une triologie à ne pas manquer tant pour les adolescents que pour les plus vieux. Car la vie ne commence pas à soixante ans, elle est façonnée de ce que nous avons vécu bien avant, et les circonstances endurées à quinze ans seront les plus marquantes dans l’avenir.   

Sunday, February 8, 2015

La vengeance de l'orignal

Quand la nature est en colère, elle se venge                           Ce roman est une représentation fidèle du paysage ontarien. Les lieux, la nature et le climat distinguant cette région canadienne sont décrits dans un style riche et accessible  aux jeunes francophones. Ceux-ci peuvent saisir l’occasion pour suivre le parcours des personnages en traçant leurs démarches évoqués dans le récit sur une carte géographique.  De plus, ils apprendront davantage sur la métamorphose du paysage nord canadien au fil des saisons et les adaptations des modes de vie qui s’en suivent. De plus, les aventures vécues par les trois chasseurs offrent l’occasion pour reconnaître les règles qui gèrent la chasse en Ontario, et les interventions légales nécessaires à suivre pour profiter de ce sport. En somme, La vengeance de l’orignal, est une interprétation de la vengeance de la nature contre tous ceux qui la violent et pillent ses richesses, contre l’avarice  de l’homme moderne.




Wednesday, June 11, 2014

La Route de Chlifa

A travers le regard d´une immigrante


 

 Attachante, l’intrigue de La route de Chlifa. Elle commence à Montréal où, Karim, un jeune immigrant « nouvel arrivant », bouleverse son entourage à l’école par son silence énigmatique. Perçu comme une étrangeté à ses camarades de classe, son mutisme s'avère une réaction au drame vécu dans son pays d’origine, avant son arrivée au Canada.

Dans la seconde partie du récit, l’auteur fait un retour en arrière pour raconter les circonstances qui ont poussé la famille de Karim à venir s’installer à Montréal. Dés lors, le lecteur est emporté  dans un espace et un temps différents où le point de vue du narrateur semble être brouillé par ce milieu qui lui est inconnu. Dans cette partie, on suit les détails de la vie de Karim qui a basculé soudainement à cause de l´éclatement de la  guerre au Liban. 
Les étapes se succèdent rapidement, on passe d’une atmosphère relativement paisible, à une étape de guerre sanglante, causant la mort de la famille Tabbara, dont Nada, la petite amie de Karim. Ce  point culminant du récit va déclencher les péripéties de la fuite des jeunes enfants, Karim accompagnant Maha et son petit frère, les seuls survivants de la famille Tabbara. Les protagonistes franchiront plusieurs obstacles en traversant clandestinement des plaines et des montagnes aux paysages bucoliques évoquant la nostalgie du temps passé et de la paix perdue. Malheureusement, juste au moment où ils allaient atteindre le village de Chlifa, Maha sera brutalement tuée. 
Dans la partie correspondant au séjour de Karim au Liban, on note les petites imperfections de la narration, ce qui montre que l’auteure québécoise n’est pas familière avec les lieux et la culture libanaise. En effet, Michèle Marineau fait beaucoup d’effort pour reproduire le parcourt de Karim. Elle ajoute une carte géographique du pays, elle questionne des immigrants libanais à Montréal, ainsi que des élèves et des enseignants qui ont été en contact avec les nouveaux arrivants. Malgré ses recherches, et tel qu´elle le précise dans sa note, elle a du mal à décrire les détails du milieu social de ce pays meurtri divisé par de nombreuses religions.
En effet, il est bizarre de constater qu’à la suite du décès de la famille Tabbara, personne n´est venu à la rescousse de Maha et de son frère, ce qui est inconcevable dans le panorama social libanais, où tout le monde, familles, proches, voisins et amis, s´entraident dans de pareilles circonstances. A part la Croix Rouge, n’y avait-il que le jeune Karim, âgé à peine de 17 ans pour se charger d´une fillette de 12 ans et d´un bambin de  6 mois? 
D’autant plus, la peur et la tristesse de Maha semblent être banalisées. A la grande surprise du lecteur, au lendemain de la mort de sa famille, Maha agit indifféremment, elle répond à Karim « d´un ton égal », elle lui raconte ce qui s’est passé « d´une voix claire et unie».  Tout au long de l’histoire, on est confus quand à l´attitude de la fillette de douze ans, parfois, on pense qu´elle est un monstre dépourvu de sentiments, tantôt, on la considère courageuse et déterminée. Mais, sans aucun doute, le narrateur met sous silence les émotions étouffées de Maha face à la tragédie qui l’a frappée.  Rien n’évoque sa douleur de petite fille qui a perdu  ses parents, sa maison, son enfance; et qui, de plus, se trouve seule, en pleine guerre,  responsable de son petit frère. 
La rencontre avec Antoine Milad et l´attitude détachée de ce dernier envers Karim et Maha est un autre point invraisemblable à relever. En tant que journaliste, ami du père de Karim, Antoine réagit d´une manière impensable face à la décision des jeunes gens de traverser la montagne à pieds pour aller au Békaa, pendant que les obus s’effondrent sporadiquement sur la région. De plus, il leur fournit une carte pour guider leur trajet, sans offrir de les accompagner, ou au moins, de les envoyer avec une personne de confiance, ce qui est la norme au Liban. A mon avis, Antoine n’agit pas en adulte responsable qui s´inquiète du sort du fils de son ami. Au contraire, M. Antoine Milad est représenté comme un personnage typique des films de sciences fiction. Il joue le rôle robotique de facilitateur des péripéties, et ne s’engage pas activement dans l´histoire. 
En suivant le trajet pédestre des jeunes gens vers la Békaa, on est transporté dans un paysage champêtre décrit dans un roman rural d’un siècle révolu : dormir á la pleine lune sous une tente, se nourrir de fruits et de plantes au milieu de la nature, se baigner dans un ruisseau d’eau douce, apprivoiser une chèvre égarée et la traire pour donner son lait au petit garçon. Bien que ces détails allègent l’atmosphère  tendue de la violence, ils sont irréels et ne peuvent pas représenter le comportement de jeunes  libanais durant la guerre. Karim et Maha ne cherchent pas à s’aventurer dans une excursion ou une sortie de camping, comme on a l’impression de le penser en lisant ce passage, mais ils sont  bel et bien dans une situation difficile, où ils sont supposés être secourus et accompagnés par un adulte, d’abord pour se protéger des bombardements et ensuite pour fuir le pays en rejoignant les parents de Karim au Canada.
A la lecture des scènes représentant la vie de Karim à Montréal, au début et à la fin du récit, on relève les thèmes  psychosociaux familiers tel que la discrimination contre les étrangers, l’intimidation entre les jeunes,  la pression exercée par les pairs et divers problèmes reliés aux  adolescents. Ce n’est que dans ces scènes, relatives à  la vie montréalaise, que le récit semble plus solide et proche de la réalité, parce qu’il décrit la vraie situation d’un adolescent arrivé nouvellement au pays d’accueil. Mais, tout ce qu’il a vécu avant son arrivée lui appartient, personne ne peut reproduire sa vérité telle quelle, ou se mettre à sa place. 
Ainsi, La Route de Chlifa, reste une tentative courageuse de la part de Michèle Marineau de décrire la réalité des immigrants à Montréal, telle que perçue par les canadiens, de comprendre la psychologie des jeunes, de rapprocher les points de vue et de concilier les différences socioculturelles. 
Pour des informations additionnelles, lire :
Voir aussi la fiche d’exploitation pédagogique suggérée par la maison d’édition :

Saturday, January 11, 2014

Da Vinci Code


Fiction sur d’autres fictions 



Que dire du roman controversé Da Vinci Code de Dan Brown ?

Un roman est une fiction. Tout ce qui est écrit entre la première de couverture et la quatrième de couverture représente l’imaginaire d’un auteur peu ou trop doué à l’exemple de Dan Brown. Ainsi, on ne peut traiter ce roman comme un livre qui raconte des vérités historiques sur des organisations, des personnages ou œuvres d’art qui y sont évoqués. 

L’auteur de Da Vinci Code a utilisé un amalgame de fictions comme toile de fond à son intrigue policière qui tourne autour d’un meurtre commis au Musée du Louvre en France. Les personnages fictionnels impliqués sont pour la plupart des spécialistes dans le domaine des arts ou en histoire,  tel que Robert Langdon (professeur de symbolique religieuse), la victime Jacques Saunière (conservateur du musée) et le meurtrier Leigh Teabing ( historien anglais). Il n’est pas donc surprenant que l’auteur leurs associe des commentaires et des idées qui peuvent figurer dans la vie réelle d’un historien épris de symboles archaïques, d’un archéologue emballé pour les fouilles et les ruines ou d’un professeur d’art fasciné par les fresques de la Renaissance. 

Aucune information qui paraît dans le livre ne doit être prise à la lettre. Ce n’est qu’une fiction tissée autour d’autres fictions pour attacher le lecteur et piquer sa curiosité.

De la même façon, les œuvres artistiques de Leonardo Da Vinci, évoquées dans le récit de Brown, ne sont que des reproductions artistiques imaginées par le peintre florentin du quinzième siècle et ne représentent en aucune manière la réalité historique de la vie de Jésus de Nazareth.

D’autant plus, le roman Dan Vinci Code ne peut  pas avoir une seule interprétation, chaque lecteur en déduit la sienne.  Une fois publié, le récit n’appartient plus uniquement à son auteur, il devient le récit du lecteur qui en fait à sa guise et l’interprète selon sa position et ses connaissances. Le moment, la place et les circonstances où il l’a lu influence aussi sa perception et son jugement du récit. Le récit fait par l’auteur, devient alors le récit du lecteur. Il se transforme en une pluralité de récits, chacun ayant une interprétation différente.

Dans le cas du récit de Dan Brown et d’après les critiques qu’il a eu, on constate que chaque lecteur y a réagit relativement à ses propres visions. Même les opinions des responsables de l’Eglise catholique (qui se sentaient visés directement dans le récit) étaient divergentes, les uns ont dénoncé le roman et ont appelé à le boycotter, d’autres ont profité pour expliquer et consolider les enseignements de l’Eglise.

Sans doute que ce roman ne laisse pas le lecteur indifférent. Dès la première page, celui-là est entraîné dans un monde fictif riche en personnages, monuments, sites et  récits pseudo historiques. Tout est intriguant et controversé. Le lecteur se sent invité à entreprendre sa propre recherche sur ses éléments. Il n’est pas donc surprenant de constater qu’à la suite de la publication du livre de Brown et à la sortie du film qui s’y est basé, le nombre de touristes dans les sites évoqués dans le récit a augmenté. Tant mieux !

Quand aux idées controversées  représentées dans Da Vinci Code, elles ne sont pas nouvelles parce qu’elles sont empruntées à d’autres fictions appartenant à différentes époques. Donc rien de cela n’est à prouver dans notre monde réelle d’aujourd’hui, où, on doit  s’occuper de problèmes récents et relatifs à notre temps que de chercher la vérité dans les pages d’une fiction.