Sunday, March 12, 2017

"Et si Eux, c'était nous?"



  
 
Eux
Source: http://www.lemeac.com/catalogue/308-eux.html?page=1  

Lorsque Patrick Isabelle a écrit son roman Eux, il voulait sans doute rentrer dans la peau d'un jeune adolescent, victime d’intimidation, afin de rapporter la pénible et sombre réalité vécue au quotidien par celui-ci.

En effet, pendant deux années consécutives, le manque de confiance, la peur, la haine, la déception, les idées suicidaires, l’envie de tuer, la révolte intérieure, la dévastation, le désespoir et combien d’autres sentiments destructeurs tourmentent l’esprit du personnage anonyme de son roman. D’autant plus, cet ado intimidé au sein de son milieu scolaire ne trouve aucune bienveillance ou consolation auprès du personnel enseignant, de ses camarades ou, même, de ses parents.

Les chapitres du livre sont organisés chronologiquement, racontant et décrivant les évènements de façon à reproduire la progression psychologique du personnage narrateur depuis la première violence subie dans les toilettes de la polyvalente, jusqu’au jour où le drame a éclaté. Cependant, l’ordre des chapitres est rythmé par des citations reprises en prolepses, pour anticiper des évènements qui surviendront à la toute fin. Par exemple, la phrase qui intitule le premier chapitre (p.5) annonce tel quel l’évènement de la page 98 :
« J’ai vu la peur dans ses yeux.
Ça m’a fait du bien.
Alors j’ai tué. »
Ainsi, le lecteur est piqué par une curiosité accrue le poussant à poursuivre sa lecture pour trouver les réponses aux questions qu’il se pose déjà : que s’est il produit? Qui a tué qui? Pourquoi? Comment?

D’autant plus, la clôture du récit laisse le lecteur sur sa faim…qui sera peut-être rassasié, à la suite de la lecture de Nous,  le deuxième volet du triptyque de Patrick Isabelle, édité par Leméac.

Monday, August 31, 2015

Les Desorientes d'Amin Maalouf


Hommage à un Orient défunt
 
Dans son roman Les Désorientés, Amin Maalouf brosse le tableau de l’Orient tel que perçu aujourd’hui. Ce n’est plus l’Orient chanté par les poètes d’antan, ni celui recherché par les voyageurs du XIX siècle; ce n’est  plus la source de la « lumière » baptisée en latin « Ex Oriente Lux », ni le lieu désigné de la sagesse et de la spiritualité. C’est plutôt, une région vaincue et souffrante dont les habitants égarés quittent sans savoir quelle direction prendre.

Le narrateur omniscient raconte l’histoire d’Adam, un historien qui retourne à son pays natal sous la demande de son ami mourant.  À son tour, Adam écrit la chronique de son retour au pays tout en se remémorant des moments  passés avec ses amis, qu’il essaie de réunir à la suite de l’enterrement de leur ami commun. Les notes d’Adam sont des réminiscences du passé, truffées de commentaires sur les problèmes vécus dans la région du Moyen-Orient : la guerre, l’exil, les conflits politiques et le radicalisme religieux. Le narrateur/historien fait plusieurs allusions à la perte historique infligée aux peuples d’Orient vaincus depuis la première guerre mondiale et même avant (voir la discussion avec Nidal p. 363-372).
Au-delà de l’histoire, le pays décrit par Maalouf symbolise l’état de l’homme un peu partout dans le monde « déréglé » d’aujourd’hui. En fait, de par son nom, Adam rappelle le père légendaire de l’humanité tenté par Ève, représentée dans le roman par son amie Sémiramis, dont le nom est aussi emprunté à une reine légendaire de Babylone. D’autant plus, les amis d’Adam sont des spécimens de l’humanité, plus précisément, des répliques des multiples communautés occupant les pays d’Orient : Naïm, Bilal, Ramez, Ramzi, Albert, Mourad. L’appartenance identitaire de ces personnages est liée à leur religion, « identité meurtrière » et seule raison d’être, paraît-il dans ce pays de guerres qu’ils ont quitté. Le pays en question n’est pas nommé une seule fois dans le récit. Est-ce pour éviter la malédiction, ou pour préserver l’aspect légendaire de l’histoire? On ne le saura tant que le personnage, Adam, ne nous révèle la fin de son voyage. Ce qu’il ne pourra pas faire, malheureusement!

Ainsi, la « légende » est clôturée abruptement par la voix du narrateur omniscient qui laisse le lecteur en attente face au destin d’Adam, qui est « en sursis… comme son pays, comme cette planète […] comme nous tous » (p. 526).  

Ce roman est définitivement riche en thèmes et en style. Pour l’auteur, c’est un voyage de retour vers la source, mais, aussi une invitation adressée au lecteur pour revisiter l’Orient afin de tenter de sauver les vestiges d’une civilisation « qui s’éteint » (p.11).


* Pour plus de détails considérant ce roman, lire le compte-rendu de Félicité de Maupeou : http://www.lesclesdumoyenorient.com/Amin-Maalouf-Les-Desorientes.html

Thursday, July 16, 2015

Pour rallumer les étoiles

...... 16 ans aprés


Dans ce tome, Dominique Demers poursuit l’histoire de Marie-Lune 16 ans aprés l’incident qui a marqué sa vie. Celle-ci veut renouer avec son fils qu’elle a donné en adoption. Mais, la situation devient de plus en plus compliquée parce que la décision ne lui appartient pas à elle seule. A présent, plusieurs personnes y sont concernées. Son amoureux Jean, souffrant de la voir s’éloigner de lui, il fait tout son possible pour la rendre heureuse ; Gabriel, son fils devenu adolescent, tourmenté de se savoir adopté et essaie de comprendre pourquoi il était « le petit vilain canard » rejeté par ses propres parents, il cherche celle qui l’a mis au monde et qui l’a « imprégné » dés sa naissance. Il y a aussi Claire, la mére adoptive, qui partage généreusement son amour maternel entre Gabriel et Christine, et son mari François qui se consacre corps et âme à sa mission de père adoptif ; tous les deux ont peur que la  vraie maman resurgisse et leur arrache leur fils. Christine, la petite soeur de Gabriel qui accepte l’adoption comme un cadeau et se sent chanceuse d’être choisie et choyée. Sans compter, les parents de Jean, la petite amie et les enseignants de Gabriel.

Ainsi, l’histoire représente des points de vue différents autour de l’adoption, elle transpose les réactions et les parcours de toutes les personnes impliquées. L’acte en lui-même y est perçu comme un acte noble et engageant qui sauve des vies et offre des solutions à des cas  désespérés d’enfants abandonnés.

En outre, on décèle dans l’intrigue une leçon de vie qui met en garde les jeunes contre la relation sexuelle avant le mariage et ses conséquences, car le plaisir d’un moment n’est pas gratuit et la conception d’un enfant bouscule bien de vies.

A l’instar du premier tome, la narration ne manque pas de séquences descriptives reproduisant l’intensité et la beauté de la nature québécoise avec ses lacs limpides entourés de sapins majestueux, ses forêts sauvages enveloppeés par le brouillard et son ciel brumeux éclairé par les étoiles. Le cadre spatio-temporel est rallié avec beaucoup de brio avec les états d’âmes des personnages et les péripéties de l’histoire, où tout se déroule pendant les saisons froides et se termine juste avant de rallumer l’étoile de Noël.  

Référence recommandée : http://www.dominiquedemers.ca/dominique.php

Tuesday, March 24, 2015

Sous le soleil de Toscane




Que de bonheur et de chaleur ressent-on en lisant ce livre qui entraîne le lecteur à apprivoiser la rêverie des moments de farniente pendant les longues journées de vacances d’été. C’est vraiment un plaisir d’être emporté en Toscane avec Frances Mayes, qui a bel et bien vécu ces moments heureux qu’elle transpose avec une vive mémoire dans son roman délicieux.

Le soleil brille entre ces pages à la couverture bleu ciel. Les mots dansent dans la pénombre des branches des oliviers alignés autour d’une villa rose, dont les dalles sont garnies de pots de fleurs parfumées. En suivant le projet de rénovation entrepris par l’auteure et son compagnon, on a envie d’y participer et d’aller sur place pour leur donner un coup de main, meubler les salles et revêtir les murs de tableaux étrusques.
La cuisine toscane est au rendez-vous sur la grande table antique du couple aventureux. Des salades et des tomates rouges fraîchement cueillies de leur potager, des huiles aromatiques provenant des olives pressées dans le pressoir du village voisin, des fromages préparés sur place, et en plus, toutes sortes de pâtes italiennes cuites al dente, saupoudrées d’herbes et sautées délicatement dans des poêles beurrées. D’ailleurs, les saveurs des vins italiens ne manquent pas de nous mettre l’eau à la bouche en abordant  chacun des chapitres.  Les randonnées pédestres dans les montagnes et les promenades en voiture introduisent le lecteur à un tourisme gratuit de la région du sud de l’Italie. C’est l’occasion de suivre un cours d’histoire et d’archéologie relatif à la Toscane, les moments forts de son histoire, les monuments qui la distinguent et sa culture forgée par tant d’autres peuples qui y sont installés.

La richesse de ce livre éblouie les sens du lecteur tout en l’invitant à apprécier la nature et le voyage intérieur au rythme d’une vie simple et heureuse loin de la, soi-disant, modernité de la technologie encombrante.

Conseil au lecteurs : Lire à gogo, par une journée ensoleillée, assis à l’extérieur dans une chaise longue et je parie que vous allez vous sentir « sous le soleil de Toscane » ! 

Pour le livre en anglais,
voir le site officielle de l'auteure:
http://www.francesmayesbooks.com/ 



Thursday, March 19, 2015

Mort en lisière

la metamorphose des femmes


Dix femmes, dix récits dans ce recueil de Margaret Atwood. Chacun relate une histoire distincte, d’une femme particulière, à un âge plus ou moins différent. Le point de rencontre de toutes ces histoires c’est le retour en arrière et la remémoration des points marquants de la vie de ces femmes. Tous les récits d’« elles » du recueil d’Atwood, commencent  à un certain moment de la vie où les « ils » sont présents. Les femmes se remémorent le passé en reconstruisant leur présent tout en se projetant dans les lumières d’un avenir inconnu. La narratrice « aux yeux de chats », représentant l’auteure-même, observe avec langueur ses personnages, elle façonne leurs histoires de sorte à faire triompher les femmes, à les libérer des hommes et du passé, en les rendant indépendantes par pur choix.  Le remède à tous les problèmes : trahison, douleur, maladie, mort, amour non-partagé, est de s’engouffrer dans le train-train de la vie quotidienne, de s’accoutumer à la routine du travail et d’accepter les coups de la vie avec sérénité.  


Ce recueil dégage un sentiment de mélancolie douce et enveloppante accompagnant la femme lors de son affranchissement paisible vers l’âge de la maturité. 

Marie –Tempête

Les malheurs d’une adolescente

Dominique Demers a bien saisi ce qu’un être humain peut endurer, et elle l’a raconté avec beaucoup d’exactitude en plongeant dans la peau d’une adolescente québécoise qu’elle a baptisée Marie-Lune. Son personnage revêt une personnalité vive, franche et forte. Insouciante, au début du récit, comme le sont les adolescents, Marie-Tempête respire la vie à plein poumons, elle a des parents modestes, aimables et compréhensifs ; une grand-mère dévouée et attentionnée, toujours prête pour la secourir. Son amie d’enfance est toujours là pour la consoler ; son beau chum l’adore et la fait rêver avec ses yeux verts forêt.  Soudain, par un matin d’hiver,  la tempête frappe et la vie de Marie bascule. Elle se trouve seule, sans maman, avec un fœtus qui croît rapidement dans ses entrailles, un jeune amoureux incapable de lui offrir que des mots doux et des caresses interminables. Ainsi, Marie-Lune se transforme en Marie-Tempête et doit affronter la vie avec tous ses tonnerres, ses vents et ses pluies avant de se calmer dans les lacs noirs des yeux marécageux de Jean « où l’on peut plonger sans crainte ».

Une triologie à ne pas manquer tant pour les adolescents que pour les plus vieux. Car la vie ne commence pas à soixante ans, elle est façonnée de ce que nous avons vécu bien avant, et les circonstances endurées à quinze ans seront les plus marquantes dans l’avenir.   

Sunday, February 8, 2015

La vengeance de l'orignal

Quand la nature est en colère, elle se venge                           Ce roman est une représentation fidèle du paysage ontarien. Les lieux, la nature et le climat distinguant cette région canadienne sont décrits dans un style riche et accessible  aux jeunes francophones. Ceux-ci peuvent saisir l’occasion pour suivre le parcours des personnages en traçant leurs démarches évoqués dans le récit sur une carte géographique.  De plus, ils apprendront davantage sur la métamorphose du paysage nord canadien au fil des saisons et les adaptations des modes de vie qui s’en suivent. De plus, les aventures vécues par les trois chasseurs offrent l’occasion pour reconnaître les règles qui gèrent la chasse en Ontario, et les interventions légales nécessaires à suivre pour profiter de ce sport. En somme, La vengeance de l’orignal, est une interprétation de la vengeance de la nature contre tous ceux qui la violent et pillent ses richesses, contre l’avarice  de l’homme moderne.